Visages

Elle a peur d’être démasquée devant la porte ouverte de ses mensonges dont elle cache la clef dans les plis de ses lèvres, les mains sur les oreilles. Elle redoute d’être nue jusqu’au squelette de son corps privé de forme, de charme, le bruit permanent résonne dans son vide intérieur. C’est une anamorphose toujours tournée dans la bonne direction pour ne pas apercevoir la tricherie, la misère de sa vie. Ceux qui ont vu son côté déstructuré le payent cher, elle tourne comme une girouette à toute vitesse il ne reste qu’une impression, un hologramme sans matière à caresser, un vide douloureux, un sourire qui s’efface aussitôt qu’on veut le fixer sur sa rétine.
Comme une enfant, une folle ou un dictateur qui croit changer le monde en claquant des doigts, elle guide tes pas en ouvrant la voie à tes illusions, ton sourire béat va fondre comme une bougie sur tes lèvres, te brûler la gueule et finir en cendres.

Les mots de Gérard Carratala ne boitent pas. Ils sont la canne de l’âme. Tantôt habillées de profondeur ou crues dans la nudité des sens, fortes et fragiles, les figures comme les faces cachées bousculent et bouleversent.
Après Le Jardin de Françoise, de nouveaux Visages se dévoilent. S. H.   

Gérard Carratala est né à Alger en 1959.